Depuis le XVI ème siècle, l’approche rationaliste de la connaissance s’est basée sur les certitudes que la science avait pour but de construire.

Cette approche déterministe permettait d’élaborer des présentations relativement fixes et progressives des apprentissages.

La physique contemporaine, à la suite de travaux comme ceux de Prigogine (théorie de l’irréversibilité des phénomènes), de Thom (théorie des catastrophes), de Mandelbrot (modélisation des fractales), et à la suite des remises en cause d’un certain nombre de certitudes mathématiques par des chercheurs comme Lobatchevsky (géométrie non euclidienne hyperbolique), Weierstrass (courbe continue sans tangente), Cantor (paradoxe sur les ensembles), Gödel (théorème d’incomplétude), Heisenberg (principe d’incertitude), Russell (définition auto contradictoire en mathématiques)… ont montré à la fois que le déterminisme n’était une position tenable qu’à un niveau de macro-observation et que, dépendant fortement de leurs axiomes fondateurs, les approches formelles ne pouvaient être considérées comme le mode de connaissance primordial.

Ainsi, la science contemporaine a été amenée à introduire des notions telles que celles d’influence de l’observateur sur l’observé, de chaos déterministe ou de catastrophe. Dans ce cadre ou la certitude s’appuie essentiellement sur des lois statistiques et doit prendre en compte un certain niveau d’imprévisibilité, la connaissance ne peut plus être totalement considérée comme un corpus figé à transmettre, mais doit obligatoirement intégrer la prise en compte d’un ensemble de points de vue relativistes.

Dès lors, l’approche de toute connaissance ne peut plus être seulement analytique, mais se doit d’intégrer des points de vue holistiques considérant les phénomènes dans leur globalité systémique avant de tenter de les décomposer tout en gardant à l’esprit que toute décomposition analytique est une déformation

La présentation des connaissances, écartelée entre la globalité systémique, plus adéquate au réel mais difficilement maîtrisable pour l’esprit, et la décomposition analytique, plus adéquate aux modalités de fonctionnement de l’esprit humain mais moins homologue au réel, en devient plus difficile : « ce qui est simple est faux, ce qui est compliqué est incompréhensible » (Poincaré).

Edgar Morin donne à la notion de complexité (interview au Magazine Littéraire no 312, juillet-août 1993) : « La complexité est dans l’enchevêtrement qui fait que l’on ne peut pas traiter les choses partie à partie, cela coupe ce qui lie les parties, et produit une connaissance mutilée. Le problème de la complexité apparaît encore parce que nous sommes dans un monde où il n’y a pas que des déterminations, des stabilités, des répétitions, des cycles, mais aussi des perturbations, des tamponnements, des surgissements, du nouveau.

Dans toute complexité, il y a présence d’incertitude, soit empirique, soit théorique, et le plus souvent à la fois empirique et théorique.

Prendre en compte la complexité dans le domaine des connaissances amène donc à revoir l’ensemble des technologies jusque là mises en oeuvres pour leur transmission.

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